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Sensations de Nouvelle-France

jours, brutal aussi comme souvent l’enfant, s’acharna sur lui, le piétina, jusqu’à ce que tant d’ingratitude eut enfin raison de cet homme — qu’on m’a dit s’être montré pourtant d’une grandeur de demi-dieu, dans le temps même de son plus grand accablement — et le jeta sur cette couche de misère, d’où maintenant le malheureux ne se relèvera plus. Et c’est de cela qu’il se meurt, de toute cette ingratitude, tout son être angoissé d’un étonnement profond, douloureux, immense, cet étonnement des Messies, à l’heure du martyre, devant les exagérations de la férocité et de la bêtise humaines.

Je n’ai rencontré M. Mercier qu’une seule fois, et cela durant l’été de 1893. À cette époque, une discussion très vive se poursuivait, depuis quelque temps déjà, sur la question de savoir si le moment n’était pas enfin arrivé, pour le Canada, de réclamer son indépendance auprès de l’Angleterre. L’un des premiers, M. Mercier s’était jeté corps et âme dans le mouvement, espérant y trouver une occasion de ressaisir son prestige perdu. Le Canada français une fois abordé, et afin d’imprimer à sa