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Sensations de Nouvelle-France

jusqu’au point de ne plus voir que le traité de Paris, de 1763, doit être bien plutôt considéré comme un pacte d’armistice que comme une solution définitive. On a conclu une trêve pour reprendre haleine, voilà tout, quitte à recommencer la lutte par la suite. Cet événement du traité de Paris envisagé de la sorte, bien des côtés du rôle dévolu ici à la descendance française s’éclairent singulièrement, en même temps que les responsabilités et les devoirs s’accusent et s’imposent. Paraphrasant une phrase célèbre, on pourrait même s’écrier : Le Canada français doit être agressif, ou il ne sera pas.

Mais, que l’on voit donc, plutôt. Est-ce le fait de l’extrême nouveauté de tout ce qui me tombe sous les yeux, depuis que je suis en ce pays, qui exacerbe à ce point toutes mes facultés d’entendement, mais ce qu’il me semble pouvoir prédire avec certitude c’est la montée prochaine des deux races d’ici jusqu’à des sommets de si peu de superficie, que forcément, il n’y aura plus place que pour l’une d’elles, et que fatalement l’autre sera culbutée et dégringolera. Ce que j’entends surtout cette nuit, et cela aussi clairement que si je n’en avais pas l’alarme seulement dans la tête, c’est cette rumeur de camp retranché venue de la Province anglaise voisine, cette