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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/119

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LES JACQUES

— Oui, riposta fougueusement Philippe Le Haume, à ce moment flottèrent les bannières des métiers, les corporations résistant aux exigences des conseillers du dauphin. Mais les jurandes ne surent pas prendre le pas sur vous autres, messieurs les bourgeois. Et pourtant, pressé d’argent, le régent Charles cédait. Les corporations reculèrent, ignorantes de leur force.

— Étienne Marcel la connaissait-il mieux ? dit maître Nicole. Lorsqu’en mars de l’an dernier, fut promulguée la grande ordonnance, le prévôt pouvait tout. Il hésita et fut perdu. À présent, le voici qui revient à son idée première, mais qu’obtiendra-t-il du dauphin ?

— Rien, répondit nettement Jean Deshuchettes. Aussi se tournera-t-il, on peut le prédire sans tromperie, vers le roi de Navarre.

— Hé là ! s’effara messire de Blérancourt, de nature timorée, qu’en arrivera-t-il de bon ?

— Il joue bien gros jeu à rechercher l’appui de Charles de Navarre, émit maître Nicole. Qu’il prenne garde à la trahison, le dauphin a ses créatures.

— D’ailleurs, il va trop loin, fit messire de Blérancourt. Ne veut-il pas partager le pouvoir entre le roi et les manants. C’est donner à un enfant une puissance bien dangereuse.

— Que leur voulez-vous donc accorder ? demanda Philippe de Haume.

— Mon Dieu, quelque justice, certains droits mérités, mais vous ne voyez pourtant les Jacques

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