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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/41

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LES JACQUES

ses tourments. Si infatué qu’il fut de lui, il se représentait bien qu’à grossir vainement des paroles poussives, il perdait quelque once de la majesté qu’il prétendait imposer.

— Je te revaudrai ça, songea-t-il comme, une heure plus tard, il se le promettait à l’égard de L’Agnelet.

Sans laisser paraître le dépit qui l’animait, il prononça, élevant le ton et haussant une taille un peu basse et épaisse pour être majestueuse :

— Demoiselle Margaine de Coucy t’ordonne de passer demain au château, vers deux heures d’après-midi.

À cet ordre, Frappe-Fort fronça le sourcil. Puis, sachant ce qu’un valet orgueilleux peut ajouter d’insolence personnelle aux paroles qu’il transmet, le forgeron répondit simplement :

— Bien !

Et fit rebondir le marteau avec une telle force que messire de Boisjoly qui s’était imprudemment approché sauta d’un bond en arrière, puis tournant les talons, sortit le plus dignement qu’il put.

Grégoire s’était glissé à sa suite, se courbant en un imperturbable sérieux.

— Messire veut-il que je l’aide ?

Partagé entre la crainte de remonter seul sur son cheval et le dédain qu’il éprouvait pour la racaille, l’intendant répondit brutalement :

— Tiens-lui la bride, cela suffit.

Cela ne suffisait tout de même pas pour permettre à messire de Boisjoly de s’élancer gaillarde-

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