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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/44

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LES JACQUES

Frappe-Fort la suivit, Louvette s’allongea sur le seuil. Sûr de l’infaillible instinct de la bête, le forgeron regarda au loin. Par le chemin herbeux, il aperçut L’Agnelet soutenant Rouge Le Bâtard. Louvette ne grognait plus, mais quand les deux hommes furent proches, elle flaira le soldat, comme pour déterminer s’il s’agissait d’un ami ou d’un ennemi.

— Voici une belle bête, dit Rouge Le Bâtard étendant la main.

Louvette recula, hors d’atteinte.

— Tu m’accueilles aussi avec défiance, reprit Le Rouge, mon habit, décidément, ne prévient pas en ma faveur.

Mais Louvette revenait, tournait autour de l’étranger, longuement, puis brusquement, elle posa son museau sur la main du soldat.

— À la bonne heure, fit Rouge Le Bâtard, et il caressa la belle tête de la chienne qui, cette fois, se laissa faire et, satisfaite, revint se coucher dans la forge.

Très surpris, Frappe-Fort avait observé cette scène, examinant avec grande curiosité cet étranger que Louvette, si méfiante, paraissait adopter. L’Agnelet, craignant du forgeron la répulsion qu’il avait lui-même éprouvée à l’égard du soldat, parla vivement :

— Je t’amène un ami. Il n’est point, je t’assure, un de ces Mauvais Garçons pareils à ceux qui nous pillèrent l’été dernier.

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