Frappe-Fort entra. Sans un geste, la demoiselle de Coucy le regarda s’avancer. Très calme d’apparence, le forgeron traversa la salle et se détournant de Jacqueline à laquelle il avait jeté un coup d’œil qu’avec rage elle sentit méprisant, il salua Margaine de Coucy, et attendit.
— C’est toi qui t’appelles Frappe-Fort ?
— C’est moi.
— Tu ne reçus point d’autre nom ?
— Depuis longtemps j’ai oublié que j’en portais un autre.
Le ton respectueux ne marquait point de crainte. Par sa haute taille, le forgeron se tenait face à face avec Margaine de Coucy. Malgré sa haine contre cet homme dont l’audace avait bravé son courroux, la noble demoiselle pressentait en lui une force qu’elle voulait, à tout prix, humilier.
— Je t’ai fait mander. Ton habileté est grande, dit-on ?
Frappe-Fort demeurait immobile.
— Tu es un homme libre ? reprit Margaine de Coucy.
— Je me suis racheté.
— Sans doute as-tu racheté ta famille en même temps que toi.
Le doute horrible qui déjà avait étreint le forgeron lui serra le cœur à la façon d’un étau. D’une voix pourtant tranquille, il dit :
— Non, je ne l’ai pu.
— Qui donc alors des tiens est demeuré en servage ?