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LES JACQUES

Pourquoi ne la verrais-je plus ? interrogea le forgeron dont une sueur glacée mouillait les tempes. Cette serve est une coupable qu’il faut châtier. Frappe-Fort se contraignit à interroger : Qu’a-t-elle fait ? Eloi, fais-la avancer, dit Margaine de Coucy sans daigner répondre, que son frère la reconnaisse mieux. Frappé d’horreur, le forgeron vit l’être hideux, face camarde, où nul sentiment humain ne se pouvait lire, corps trapu et noueux dont le vêtement de cuir demeurait taché d’une pourpre qui tournait au noir, il vit cet être pousser rudement Loyse. Elle chancela, mais ne tomba pas. Frappe-Fort avait voulu s’élancer, la soutenir. La voix de Margaine de Coucy ordonnait éclatante : Ne la touche pas, ou elle périt à l’instant. Laisse, dit Loyse d’une voix faible. Et elle eut le courage de sourire à son frère. Frappe-Fort leva les bras comme pour en appeler à la divinité impitoyable qui laissait accabler le peuple des serfs, puis il les laissa retomber, vaincu en la douce chair sœur de sa chair. Il tourna vers Margaine de Coucy, dont les yeux étincelaient de plaisir, une face enfin bouleversée. Grâce pour elle, dit-il, c’est une femme. Une femme ! s’écria Margaine, ce n’est qu’une serve qui mérite châtiment. - 77 -

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