laisse t elle reparaître que pour les voir ensevelis de nouveau dans des salles où l'artiste n'a la permission de dessiner que le petit nombre de statues ou de monumens qui sont déjà connus ? Pompéi, Herculanum, Stabies, Cumes et tant d'autres villes semblent réclamer contre cette rigueur peu digne d'une ville si près de Rome et si contraire à l'esprit et au goût des beaux arts. Pourquoi ne pas permettre à leurs monumens d'acquérir toute la célébrité qu'ils méritent ? Ces villes opposent moins de difficultés à ceux qui veulent les faire sortir de leurs tombeaux, que n'en éprouvent les artistes qui se hasardent à aller aux Studii étudier et faire connaître par leurs dessins ces monumens à l'Europe. Quel pays, quelle ville seraient plus propres que Naples à l'établissement d'un ouvrage périodique sur les fouilles et les découvertes des antiquités qui semblent y naître chaque jour, comme dans d'autres contrées les fleurs et les fruits ? De quel intérêt ne serait ce pas pour les arts ! Mais non ; loin de là, on n'y fait rien paraître, et l’on s’oppose à ce que les étrangers pourraient y faire. Et c'est cependant à eux que l'on doit les plus beaux ouvrages qui, depuis quelques années, aient paru sur Naples et ses antiquités ! Autant vaudrait rendre tous ces précieux débris à la terre qui les conserverait pour une époque où l'on saurait mieux les mettre à profit.
Au reste, à Rome même, cette ville où de tout temps les artistes ont joui de tant de liberté, et qu'ils regardent comme une seconde patrie, on éprouve à présent, dans bien des endroits, des difficultés pour dessiner, et il est même de belles collections du Vatican où il est interdit, non seulement de prendre des croquis, mais même des notes. Il est à croire que bientôt l'on ira jusqu’à défendre de se rappeler les monumens étrusques et autres, et de les graver dans sa mémoire. Que doivent penser et dire de toutes ces défenses les mânes de Jules II, de Léon X, de Pie VI et de Pie VII ? Et cependant ils n'entendaient pas trop mal l'antiquité, les arts, les collections et les avantages qu'en pouvaient retirer les artistes, et surtout les intérêts et la gloire de Rome.
Avant la permission que je fis accorder à tous les artistes, je crois en 1811, de dessiner partout à Naples et dans tout le royaume, à combien de dégoûts n'a pas été exposé mon pauvre ami Mazois, qui, eût eu moins de courage et de tenacité, aurait abandonné son [XIX]