et à cette aisance de la main, car Bouillon, pour un certain nombre de ses planches, a employé des artistes de beaucoup de talent, et qui y ont fait même de bonnes choses ; mais il est bien facile de distinguer leur travail de ce que l’on pourrait appeler le savant badinage de Bouillon, qu’il était très intéressant de voir se jouer sur sa planche avec sa pointe qui allait, venait çà et là comme sans y penser, sans suite, et sans qu’il eût l’air pour ainsi dire, de s’en occuper et de la diriger. Mais quand on ne peut pas obtenir à l'eau forte des gravures à l’effet, terminées avec cet esprit, de simples traits bien sentis, lorsqu’ils ne dépassent pas une certaine dimension, sont préférables à des gravures ombrées médiocres ; ils s'expriment avec plus de clarté et de fidélité. C’est tout ce que l'on peut demander et espérer, et ce trait suffit pour donner une idée nette d'une statue et la faire reconnaître aisément parmi celles qui peuvent lui ressembler. En effet, quelque bien que soit, même sur une grande échelle, la gravure terminée ou non d’une statue ; on ne saurait se flatter qu'elle puisse seule, sur tous les points, servir, sous le rapport du dessin, à approfondir tout ce qui regarde cette figure, et qu'elle dispense de consulter, lorsqu’on le peut, le monument dont elle n’est que la traduction. C’est toujours à l’original qu’il faut avoir recours si l’on veut juger avec une entière connaissance de cause. Les gravures ne sont que des indications plus ou moins fidèles, et peut-être méritent-elles plus de confiance en raison de leur simplicité. Les traits se recommandent à ce titre ; offrant la pureté et la liberté du dessin s’ils n’ont pas le relief de la gravure terminée, souvent aussi, plus nets dans leurs contours, ils dédommagent par plus de précision, et c’est le point important pour la sculpture. Ainsi les avantages et les inconvéniens se balancent ; moins ambitieux, ils sont tout aussi utiles et méritent autant de confiance ; modestes, ils se présentent à un prix qui ne peut effrayer personne, et se mettent mieux à la portée de tout le monde ; et vous offrant la plus vaste galerie, cicérone fidèles et désintéressés, ils vous la font parcourir à peu de frais.
Après avoir exposé ce qui regarde les planches de mon ouvrage, je passerai au texte qui les explique et sur lequel je ne m'étendrai pas autant. Il m’a paru qu’avant d'entrer en matière sur la sculpture des anciens il était assez convenable, en faveur des personnes peu familiarisées avec les procédés des ateliers, de les leur faire connaître. Je [XLII]