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au nom de la morale, Séraphine Pommeau, « pour la punir de sa perversité ».

« Oui, disait-on à l’auteur, cette femme est trop vicieuse. Il faut lui donner une leçon. Supposez qu’entre le quatrième et le cinquième acte, elle soit atteinte de la petite vérole. Quel châtiment pour une coquette ! »

Mais Augier trouvait le dénouement trop banal et trop niais dans sa moralité enfantine.

« Allons donc ! répondit-il gaiement. Ce que vous me proposez là est impossible : Séraphine a été vaccinée ! »

Ce qui n’empêchait point Émile Augier de passer alors pour un auteur agréable au pouvoir, lui qui allait, au moment du Fils de Giboyer, de cette pièce vigoureuse qui fit jeter ce cri : « Le théâtre social est inauguré », avoir à lutter encore contre les convenances, le goût, la morale publique, etc., pour emprunter le style de la Commission d’examen.

Dans Sapho, l’opera dont Gounod composa la musique, la censure n’avait-elle point biffé, comme, inadmissible, cette ode du poète Alcée aux jeux Olympiques :

Tremblez, tyrans, forgeurs de chaînes,
Mangeurs de peuples, pâlissez !