Page:Claretie - A. Dumas fils, 1882.djvu/23

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guerite Gautier et lui montra le chemin. Il a écrit une préface singulièrement vivante pour le livre de l’abbé Prévost, cette élégie ou cette idylle de l’amour qui dégrade et salit. Depuis M. Dumas, l’utilité et l’intérêt des préfaces ne sont plus discutés. Tel de ces avant-propos a eu plus de retentissement que tous ses romans de jeunesse à la fois, Diane de Lys, la Dame aux perles, Trois hommes forts, Antonine, la Vie à vingt ans, le Régent Mustel, pages où pourtant l’on n’a pas bien loin à chercher pour trouver la griffe du maître. Bref, la Dame aux Camélias, qu’on a souvent comparée à Manon Lescaut, en diffère profondément, non seulement par l’intérêt, poignant chez Dumas fils, mais par la conclusion même, par l’impression que le récit nous laisse. Le livre de Dumas, c’est Manon Lescaut, si l’on veut, mais avec l’idée moderne en plus, avec le sentiment du repentir. Armand Duval, c’est un Desgrieux qui ne tombe pas ; Marguerite Gautier est une Manon qui se relève. Il y a dans ce livre de Dumas une chose de plus que dans celui de l’abbé Prévost : avec la passion il y a l’honneur.

Alexandre Dumas fils devait, au surplus,