Page:Claretie - A. Dumas fils, 1882.djvu/41

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, rose, blanche, fraîche — un enfant qui rit dans des broderies claires. Car voilà ! — il est grand-père maintenant, celui qu’on appelle encore et qui signe encore pieusement Alexandre Dumas fils !

Eh bien, non ; robuste et jeune dans sa virilité superbe, on ne fera croire à personne que ce maître soit un aïeul ! Dumas fils est aussi entraînant, aussi entraîné qu’au temps où il se taillait une gloire à côté de la grande gloire paternelle. Il restera ainsi, dans l’histoire de notre littérature, dépassant son père comme la vérité dépasse l’imagination, et montrant ce fait unique dans les lettres : deux hommes éminents pouvant être si différents dans un même art, tout en s’élevant l’un et l’autre à la même hauteur.

Ce qui me plaît, d’ailleurs, en lui, ce qui fait qu’après l’avoir applaudi, quand je l’admirais de loin, je l’ai aimé quand je l’ai vu de près, c’est ce je ne sais quoi de fier, d’indépendant, de rétif, qui sied si bien à l’homme de lettres. Piron, qui n’avait pas plus d’esprit de mots et avait moins de talent dramatique que Dumas, passait un jour devant un grand seigneur en disant : « — Monseigneur, les qualités étant connues, je prends mon rang. »