Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/35

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Et elle allait pleurer, elle pleurait. Il y avait deux grosses larmes dans ses yeux. J’essayais de la consoler, tout en ramassant les débris de Bouddha, mais je n’y avais pas le cœur. Le massacre de cet innocent me navrait. Je cherchais des plaisanteries, je n’en trouvais pas.

— Qu’est-ce que tu veux, Antonia ? Il n’y a pas qu’un Bouddha au monde, je t’en déterrerai un autre !

— Ce ne sera pas celui-là, dit-elle.

Jamais elle n’avait eu autant de justesse d’esprit, Antonia. C’était un peu tard, mais c’était fort juste : « Ce ne sera pas celui-là ! »

Et celui-là faisait si bien sur la cheminée ! L’or rouge s’harmonisait avec les soieries des Kakémonos. La taille de Bouddha était proportionnée avec les figurines japonaises qui grimaçaient drôlement, çà et là, sur les étagères et