Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/46

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tonia gonflés comme son cœur, et le rictus placide du Bouddha brisé, et les pommes crues de Manon Giroux ; et, au-dessus du tic-tac du train et du halètement de la machine, l’air de Bouddha passait, sautillant, railleur, attendri, coupé par le sifflement des balles au-devant desquelles j’allais… Combien de fois je devais le fredonner, jusqu’au retour, l’air de Bouddha !

Le lendemain, d’instinct, avant de m’embarquer, j’allai, poste restante, demander si quelque télégramme à mon adresse… Eh bien, oui, il y en avait un, télégramme ! Daté de minuit. Antonia l’avait envoyé du Grand-Hôtel en sortant des Nouveautés. C’est bête, mon cher, mais si je te disais que, là-bas, je l’ai relu cent fois, comme un prêtre lit son bréviaire, ce papier bleu aux lettres drôlement imprimées :