Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/71

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comiquement lugubre, Mohammed était aplati, les yeux agrandis, la bouche de travers, ses pauvres mains encore tendues vers ce Bouddha qu’il voulait saisir — pour moi — lorsque le coupe-coupe l’avait à demi décapité. Alors, par une navrante association d’idées, ce cadavre du pauvre enfant d’Afrique, cette tête presque tranchée, me rappelaient le Bouddha cassé, tombé sur le tapis du salon japonais, le Bouddha guillotiné par la colère d’Antonia… La grande Stella ! Lafertrille ! Que c’était loin, loin, loin ! Il me semblait que j’évoquais des fantômes devant des cadavres.

Tout à coup, mon cher, il se passa une chose effroyable, hideuse et héroïque. De ce tas de morts chinois, un être se leva, un Céleste tout jeune, demi nu, la poitrine à l’air, avec un trou de baïonnette dans cette chair de