Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/73

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coupe qui avait peut-être, tout à l’heure, décapité Mohammed-ben-Saïda.

Mais, cette fois, l’Algérien, baïonnette en avant, clouait d’un seul coup, pan ! le petit Chinois au socle même de la statue, comme un scarabée sur la planchette, et la tête du Céleste se renversa, avec un rauquement court, sur les jambes accroupies de l’idole.

Et il me sembla (j’ai dû me tromper), oui, il me sembla que le petit Chinois, en tombant, en mourant, râlait le nom adoré qui formait le premier vers de la chanson de l’opérette : Bouddha ! Boud… dha !

Ah ! Bouddha ! Bouddha !

Hallucination de l’ouïe, évidemment ! Mais le regard mourant du petit Céleste était plein d’une clarté étrange. Il mourait heureux et croyant, l’humble héros, fanatique acharné, aux pieds mêmes de