Aller au contenu

Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Asie et, au-dessus, la statue d’or souriant, immobile, à cette tuerie !

Je fis emporter le Bouddha comme un trophée, et on remballa précieusement après l’avoir passé à l’éponge mouillée, car sur son or rouge il y avait des éclaboussures de sang. Il demeura longtemps en douane, puis, lorsque je reçus l’ordre de rapatriement, quand on dit à mes turcos : « Vous allez retourner Alger en passant par Paris », je surveillai l’embarquement de la caisse contenant mon Bouddha, le Bouddha qui avait vu mourir Mohammed et le petit Chinois, et je fis monter devant moi le colis portant au coin, sur le bois blanc, l’étiquette : Fragile. Et pendant toute la route, durant le voyage du retour, je pensais à la joie, au bon rire, aux battements de mains d’Antonia, en voyant arriver, majestueux et grave, dans la