Page:Claretie - Catissou, 1887-1888.djvu/16

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la camarade lorsque, belle et gaie, enveloppée d’un chaud rayon du soleil couchant, Catherine Tharaud revint avec ses bras nus, s’accouder à la fenêtre dans l’encadrement de la glycine, et, la voix allègre, avec un beau rire :

— Allons, Martial, le clafoutis sort du four, la bréjeaude fume ! Appelle les petits !

Martial Tharaud se leva, fit un cornet de ses deux mains et cria, de loin, aux joueurs de pique-romme :

— Ohé, là-bas, gaminos !… À la soupe, mauvaise troupe !

Et comme les gamins accouraient, humant déjà l’odeur de soupe aux choux et de cerises cuites, le brigadier, prenant son aîné entre ses jambes, dans les plis de son pantalon bleu à ganse noire, et poussant devant lui les autres, ôta son képi bleu galonné de blanc, nous salua et, gaiement, s’en alla goûter à la fois à la soupe chaude et au baiser frais de Catissou.

Au bout de la rue, un sabotier bridait des sabots en chantant la vieille chanson :


Vive Limoge,

Pour ses beaux cavaliers.
L’amour y loge

Sous les grands châtaigniers !

Et le soleil couchant envoyait son dernier rayon au drapeau de fer du bon gendarme.

Jules Claretie.