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Page:Claretie - Erckmann-Chatrian, 1883.pdf/18

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de jouer la pièce. Les auteurs — l’un de vingt-six ans, l’autre de vingt-deux — en prirent leur parti et écrivirent un autre drame, un drame intime, intitulé Georges, et qui ne fut jamais représenté, pas plus qu’un autre, Schinderhannes, histoire d’un brigand à la Schiller. L’un des deux collaborateurs, le plus âgé, s’occupa alors d’une brochure sur la conscription militaire ; le plus jeune fit de la polémique dans un journal local, le Démocrate du Rhin, et tous deux, signant tantôt d’un nom, tantôt de l’autre, publièrent en feuilleton, dans la gazette alsacienne, des contes fantastiques destinés plus tard à devenir populaires, entre autres le Bourgmestre en bouteille.

Ces deux amis, préoccupés à la fois alors des questions militaires et des fantaisies à la Hoffmann, s’appelaient, l’un, Émile Erckmann, l’autre Pierre Chatrian. Leurs noms unis devaient, douze ans plus tard, devenir célèbres, vingt ans après devenir illustres.

Erckmann-Chatrian !… Cette signature bizarre, attirante et facile à se graver dans la mémoire, avec son singulier mélange de germanisme et de français, ce nom composé qui eût tenté Balzac, comme, avec une autre harmonie,