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et il venait même d’en achever un. C’est en 1839 qu’il publia chez Gabriel Roux, éditeur, 2, rue des Beaux-Arts, un livre intitulé la Clef des champs, qui est devenu de toute rareté, et que poursuivent, à travers les ventes, les bibliophiles. On l’a catalogué déjà avec cette mention, qui a le privilège de faire monter les prix : Romantique, rare.

Labiche, romantique ! Ce voltairien, ce Gaulois, ce roi du rire, romantique ! Il semble qu’il y ait là quelque ironie.

La Clef des champs n’a d’ailleurs, en dépit des catalogues, rien de romantique, sauf peut-être un suicide au dénouement. Mais le récit tout entier est chose gaie et d’une observation très pénétrante et très vive. L’auteur l’appelait, sur la couverture même, étude de mœurs. Chose curieuse, dès 1839, bien avant M. Champfleury, Eugène Labiche peut être regardé comme un romancier réaliste. Les parties de loto des personnages de la Clef des champs font songer aux plaisanteries et aux tics des Bourgeois de Molinchart. Avec une singulière netteté d’observation, Labiche a saisi et décrit là les mœurs de la petite bourgeoisie du Marais, raconté les ennuis profonds, les lassitudes que peut éprou-