Page:Claretie - Fr. Coppée, 1883.djvu/20

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et de revanches. Coppée n’en a pris qu’une souriante philosophie et une vraie bonté. Sa mère, d’ailleurs, sublime de courage et de dévouement, donnait l’exemple, et la sœur aînée, restée seule au logis, gagnait quelques sous à restaurer de vieilles toiles.

Le père mourut. Coppée devint un employé titulaire ; il eut charge d’âmes, fut père de famille, — à vingt-un ans. Et il faisait toujours des vers ; mais cette jeunesse sans joie l’attrista pour jamais. N’importe, on remplissait son devoir et la table de famille, autour de laquelle il n’y avait plus que trois personnes, — la vieille maman, Annette et lui — avait des soirées mélancoliques mais confiantes. On voyait clair dans l’avenir.

Le temps passe. Coppée a vingt-trois ans ; il fait la connaissance de Mendès, des Parnassiens, il brûle 3 ou 4,000 vers de jeunesse et publie à ses frais, — le pauvre garçon ! — le Reliquaire. Le succès fut grand ; Timothée Trimm, qui était un Sainte-Beuve à un sou, fit un article dans le Petit Journal ; ne se vendit pourtant pas cent exemplaires du volume. Alphonse Lemerre, deux ans plus tard, imprimait, à ses frais, les Intimités — un chef-d’œuvre ; —