Page:Claretie - Fr. Coppée, 1883.djvu/26

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notre société heureuse et souriante, les pauvres diables dont la chair ne semble faite que pour fournir de l’humus au sol où s’épanouissent les fleurs cueillies par les autres, et que ces « humbles » soient un pauvre mobile arraché au pays natal par le grand devoir ou une enfant rachitique condamnée aux exhibitions de la scène, un déporté, un outlaw qui se retrouve Français lorsque le drapeau est en danger, ou une pauvre marchande de journaux, ou même un petit épicier, — l’épicier, raillé déjà et pourtant célébré par Balzac, — qui rêve en cassant son sucre, Coppée a pour chacun d’eux une pitié, un attendrissement. Il s’émeut dans la vie, et aussi dans cette vie fouettée qui est le voyage, devant tout héroïsme, tout dévouement : Walhubert à Avranches ou Cambronne à Nantes. En Bretagne, si Sainte-Anne d’Auray et Carnac sont pour lui, — comme pour nous, — deux déceptions, le pays de Brizeux lui plaît parce qu’on y rencontre des pêcheurs, « ces bonnes figures de loups de mer, vrais jambons cuits par le soleil et salés par le vent du large ». Les marins ! François Coppée les a souvent salués, en vers et en prose, non seulement pour leurs heures de sacrifices, comme