Page:Claretie - Fr. Coppée, 1883.djvu/30

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Grâce au format de luxe et grâce au beau papier,
Et ton livre sera le magnifique herbier
Qui conserve longtemps une fleur éphémère.


Mais la fleur est loin d’être fanée. Elle embaume toujours, la fleur de poésie ! Elle répand toujours son parfum subtil et doux, et François Coppée, ce poète de nos vingt ans, est déjà de ceux dont on peut dire, en ces pages achevées, que les relire, c’est les revivre.

On a déjà fait ressortir le contraste qui existe entre les poètes de la génération qui précéda la nôtre et ceux qui vivent aujourd’hui. Les premiers, nés dans le fracas d’une tempête, fils de chouans ou de bleus, bercés au bruit du canon, tels que Hugo se le rappelle quand il raconte la jeunesse de Marius dans les Misérables, ou que Musset nous le fait voir dans l’admirable premier chapitre de la Confession d’un Enfant du siècle, continuèrent dans la littérature l’œuvre tourmentée de leurs pères. Ils furent militants, audacieux, exaspérés, dans une époque calme, pacifique et heureuse. Le règne doux et sans points noirs de Louis-Philippe leur permettait d’être, en art, révolutionnaires tout à leur aise. Au contraire, ceux d’aujourd’hui, nés et grandis dans des heures