Page:Claretie - Jules Sandeau, 1883.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au théâtre tout comme dans le roman, Sandeau charma. Quelle fut la part exacte de M. Régnier dans Mademoiselle de la Seiglière, de M. Adrien Decourcelle dans Marcel et du maître Augier dans le Gendre de M. Poirier,

    comme un post-scriptum à son excellente étude sur « Sandeau critique ; » et je trouve là un trait qui fait connaître mieux encore l’auteur de Marianna. M. de la Ponmeraye nous apprend que, le 7 mai 1850, MM. Louis Couailhac et Bourdain faisaient représenter sur le théâtre des Folies-Dramatiques une comédie-vaudeville en trois actes intitulée Maurice et Madeleine, pièce tirée de la Madeleine de Sandeau.

    « La pièce eut quatre-vingts représentations, ce qui était un succès pour l’époque. Or savez-vous ce que demanda, comme rémunération, Jules Sandeau ? Lisez la lettre authentique — dont l’original est entre mes mains — adressée à M. Couailhac, l’un des auteurs et, parmi nos confrères, l’un de nos anciens qui ont le plus de jeunesse d’esprit, le plus de chaleur de cœur et le plus de courtoisie dans les relations :

    « Je suis charmé, monsieur, que le sujet de ce petit roman vous ait semblé digne de la scène ; je fais des vœux sincères pour le succès de votre pièce et vous prie de vouloir bien m’envoyer une petite loge pour la première représentation.

    « Recevez, etc.

    « Jules Sandeau. »

    « N’est-ce pas charmant, ce romancier qui a fourni le sujet d’une comédie et qui, en retour, sollicite… une petite loge pour la première représentation ?

    « Nous sommes loin de ces mœurs, ajoute avec raison M. de la Pommeraye. »