Page:Claretie - Jules Sandeau, 1883.djvu/37

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pauvreté, se frotter à ce faubourg Saint-Germain qu’il entrevit, devina, à travers une porte entre-bâillée ou du fond de l’embrasure d’une croisée.

« Mon cher, dit-il à Sandeau, il me faut vingt francs ! Un louis ! Trouve-moi ça ! Je vais en soirée. Je n’y puis aller le gousset vide. Fouille tes poches, bats les buissons, égorge un éditeur, fais ce que tu voudras, mais il me faut un louis ! »

C’était en hiver. Ce pauvre Sandeau avait un manteau chaud, sans luxe, mais auquel il tenait beaucoup, un de ces manteaux dont on s’enveloppait, à la cavalière, comme un Andalou dans sa cape. Il descendit avec son manteau et rapporta le louis à Balzac.

À quelque temps de là, Balzac allant prendre le thé encore chez quelque duchesse de Langeais, dit, le plus naturellement du monde, à son ami :

« Prête-moi ton manteau !

— Non, dit Sandeau, je ne te prêterai pas mon manteau !…

— Tu y tiens donc trop ?… Tu as peur que je te le gâte ?… Tu en es à l’égoïsme des vêtements ?… Un manteau, c’est donc si précieux,