Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/127

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— Si, je l’aime !

— Et vous le fuyez !

— Oui !

— Comme cela, sans raison ?

— Je vous ai donné ma raison, capitaine. Je m’ennuie !

Deberle regardait l’Italien dans les yeux, des yeux noirs, ardents, un peu fous.

— Oui, et je veux me battre. On se bat chez vous. Il y a des coups à donner et à recevoir dans la Légion étrangère, au Dahomey, au Soudan, je ne sais pas, moi. Se battre, c’est vivre. Être caserné, cantonné, c’est végéter. J’ai rendu mes armes. Donnez-m’en d’autres !

— On vous enverra à Sospel, puis à Nice, puis au Tonkin probablement.

Les yeux de l’Italien s’allumèrent.

— Le Tonkin, j’y ai bien pensé. L’Asie ! Voir l’Asie ! l’Afrique ! Voir du pays ! C’est mon rêve !