Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/129

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d’été et rentrait, niché dans quelque étable, aux mois d’hiver.

C’était l’idiot qui avait montré le chemin au déserteur. Ce malheureux, fruste et rabougri, cet être qui ne savait rien de ce qu’était l’Italie ou de ce qu’était la France, avait amené aux Français l’Italien qui fuyait l’Italie. Le dégénéré ignorant de la patrie servait de guide au soldat lassé et secouant le joug de cette patrie.

Deberle resta muet un moment, songeur.

Cet idiot était un Français ! Ce fuyard était un Italien ! Et ni le cerveau congestionné du révolté, ni le cerveau obtus du débile n’avaient la conception de la mère-patrie, de ce qu’elle est, de ce que lui doivent ses fils.

— Votre nom ? demanda brusquement le capitaine pour échapper à une sorte de trouble irrité.