Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/42

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qui les fouillait, les tisonnait en quelque sorte du regard pour en faire jaillir une étincelle, une autre expression que cet air de résignation morbide…

— Tu ne sais pas… Voyons, tu es de ce pays pourtant ?

— Ce pays ?

— Oui. Où es-tu né ?

— À Lescarine, après Sospel ! Je m’appelle Lantosque !

— Alors tu es Français ?

— Français !

Le débile hocha la tête :

— Français, oui !… Français !

Et maintenant le capitaine voulut savoir si quelque fibre vibrerait dans cet être à un nom qui, pour lui, résumait tous les amours, tous les devoirs : Patrie ! Il interrogea l’idiot sur ses parents, son enfance, sa vie quotidienne ; il lui demanda s’il aimait quelque chose de cette terre qui le nour-