Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/71

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pas de nos mulets ne l’a point trop abîmé peut-être !

Et, comme le bouchon du vin d’Asti sautait en l’air, dans ce silence mystérieux et comme infini des choses où les voix d’hommes retentissaient plus claires, en quelque sorte écoutées et répercutées par la solitude, les officiers se levèrent, presque graves cette fois, cessant de causer et de rire :

— À nos camarades les Alpins de France ! dit lentement le capitaine Salvoni.

— À nos camarades d’Italie ! répondit Deberle, la voix profonde, un peu émue.

Encore une fois les verres se rencontrèrent ; mais leur choc, après ce toast qui montait, quasi religieux, dans la paix de ce coin de montagne, devant ces soldats accroupis sur l’herbe verte, fut