Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/73

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qu’ils avaient gravi le matin. Deberle les suivait des yeux, debout sur la crête ; il écoutait les bruits de voix, les cliquettements des armes. Les Italiens disparaissaient, reparaissaient au flanc de la montagne, suivant les lacets de la route, et se faisaient de plus en plus petits, là-bas, dans les fonds.

Quand il se retourna, les ayant perdus de vue, Deberle aperçut les tentes dressées de sa troupe, des feux allumés déjà sur l’Alpe verte, et dans la paix du soir, au-dessus du bivouac, les étoiles, les premières étoiles. Plus de bruit : çà et là quelques voix à l’accent gascon, provençal, limousin. Une chanson de campagnard, un refrain de café-concert. Des bruits de cuillers dans la gamelle, une sensation de repos, de bien-être et de vie.