Page:Claretie - O. Feuillet, 1883.pdf/29

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donné de conseils : il eût sans réserves applaudi.

Julia de Trécœur, ce chef-d’œuvre d’un charme étrange, produit sur le cerveau l’effet de l’odeur des fleurs ; elle procure une sorte d’enivrement bizarre et exquis. L’héroïne de Julia de Trécœur, comme l’héroïne du Sphinx, est une de ces créatures féminines inexplicables, agitées par toutes les fièvres, secouées par une sorte d’hystérie, capables dans la même journée et dans la même heure d’héroïsme et d’infamie, âmes troublées et corps souffrants appartenant plutôt à la physiologie qu’à la psychologie, et qui font le malheur de ceux qu’elles rencontrent en même temps qu’elles se détruisent elles-mêmes comme de leurs propres mains. Le roman et le théâtre contemporains ont peut-être abusé de l’étude de ces créatures d’exception. Mais, à tout prendre, ces caractères excentriques et fous sont bien modernes, et chacun décrit ce qu’il a sous les yeux. Lorsqu’il a affaire à un tel type, M. Dumas fils est implacable ; c’est la femelle de Caïn, il la tue sans pitié. M. Feuillet généralement fait tuer cette dame Caïn par elle-même. Julia de Trécœur se précipite dans la mer, à cheval, du haut