Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/142

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n’apportait pas dans l’exercice de ses fonctions toute la gravité désirable, pour l’inviter à donner sa démission. La vérité est que Pétrus faisait en vers la plus grande partie de ses rapports officiels.

Voilà donc Pétrus sans position, avec sa femme et son enfant, travaillant de ses mains pour vivre, labourant, exploitant lui-même sa concession de terrain, — mais sans énergie, le bras lassé, désespéré. Ce dernier coup avait ébranlé toutes ses convictions, écrasé tout son être. Il ne comprenait pas, ce grand ami du paradoxe, que la vérité pût avoir tort. Cet admirateur de la morale de convention en matière d’art ne pouvait croire que la morale bourgeoise, — la petite, la seule, — pût être méconnue dans la vie. Tout s’était brisé en lui. Sous le soleil ardent, il bêchait, piochait, labourait nu-tête, et le soleil échauffait son crâne devenu chauve [1].

  1. Je ne me couvrirai pas la tête, disait-il ; la nature fait bien ce qu’elle fait, et ce n’est pas à nous de la corriger. Si mes cheveux tombent, c’est que mon front est fait à présent pour rester nu.