Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sennuie[1]. On était bien aise de voir partir Charles X pour l’exil, parce que le brillant comte d’Artois était devenu un vieillard long et maigre, et que tout roi qui se respecte doit être un Antinoüs. On criait pour crier, en haine du convenu, du bourgeois et du poncif. On s’habillait de gilets cerise : on portait ses cheveux longs comme un Raphaël, ou ras comme un duc d’Albe ; on affichait une tenue « truculente » par haine pure des boutiquiers ou des académiciens. Académicien ! quelle injure, alors ! Tout homme à tête chauve était académicien de droit, et, à ce titre, subissait le mépris des bousingos en gaîté. On détestait les bourgeois, comme les étudiants, les « maisons moussues » de Heidelberg, détestent les philistins. On s’enivrait de sons et de couleur. On était romantique par horreur du gris, — tout simplement — par amour du carmin ou de l’indigo.

  1. Qu’est-ce qu’une révolution ? Des gens qui se tirent des coups de fusil dans les rues. (Théophile Gautier. — Préface des Jeune-France.)