Aller au contenu

Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais il redresse bien vite la tête, il reprend sa tournure fière — et nargue des sots qui ne vaudront jamais les fous ! De la rue de Rochechouart il alla demeurer rue d’Enfer, dans une maison qu’il avait louée tout entière. On célébra l’emménagement par une fête colossale. C’était en 1832, M. Alexandre Dumas venait justement de donner au square d’Orléans une nuitée dont tout Paris — il y avait déjà un tout Paris — avait parlé, et M. Dumas a raconté comment, en quelques jours, en quelques heures, Louis Boulanger, Célestin Nanteuil, J. J. Grandville, Delacroix, lui avaient décoré une salle de bal hyperbolique. Rue d’Enfer, Pétrus Borel voulut organiser la parodie de cette fête. Il y invita Alexandre Dumas lui même. La maison n’avait qu’un étage et un entresol. Au premier, on dansait, on allumait du punch, on chantait. Le rez-de-chaussée avait été converti en infirmerie. À mesure qu’un combattant succombait, les gens valides le descendaient jusqu’à cette salle de convalescence. Ah ! la gaîté exubérante, la verve folle, la santé ! On était jeune, on était