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Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/60

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Et, l’élixir en main, invoquant le trépas.
Joyaux, bal, fleur, cheval, château, fine maîtresse,
Sont les matériaux de ses poèmes lourds ;
Rien pour la pauvreté, rien pour l’humble en détresse ;
Toujours les souffletant de ses vers de velours.
Par merci ! voilez nous vos airs autocratiques ;
Heureux si vous cueillez les biens à pleins sillons !
Mais ne galonnez pas comme vos domestiques
Vos vers, qui font rougir nos fronts ceints de haillons.
Eh ! vous, de ces soleils, moutonnier parélie !
De cacher vos lambeaux ne prenez tant de soin,
Ce n’est qu’à leur abri que l’esprit se délie ;
Le barde ne grandit qu’enivré de besoin !
J’ai caressé la mort, riant au suicide,
Souvent et volontiers, quand j’étais plus heureux ;
Maintenant je le hais, et d’elle suis peureux,
Misérable et miné par la faim homicide.

Douleur factice, a-t-on dit, douleur réelle à mon avis. J’ai prouvé tout à l’heure que Pétrus avait connu la faim ; ces cris sont bien réellement ceux d’une souffrance aiguë. Or, il se trouvait peu de gens autour du lycanthrope pour calmer ces maux réels ou imaginaires, ce qui est même chose comme résultat et comme torture. Les amis applaudissaient, la foule détournait la tête. C’est à peine si, de