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Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/69

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Laisse immiscer ma rage à ta plainte qui gronde ;
Laisse pilorier tes iniques bourreaux…

Des bourreaux ? Oui, ces bourreaux ce sont les académiciens, les gens chauves, les tardigrades de l’Institut, les unaux du pont des Arts…

Détrimens de l’Empire, étreignant notre époque,
Qui triture du pied leurs cœurs étroits et secs ;
Détrimens du passé que le siècle révoque,
Fabricateurs à plat de Romains et de Grecs.
Lauréats, à deux mains retenant leur couronne
Qui, caduque, déchoit de leur front conspué.
Gauchement ameutés et grinçant sur leur trône
Contre un âge puissant qui sur eux a rué !

Cette satire de Pétrus Borel est le Place aux jeunes ! de 1830. Elle est violente : mais la lutte était terrible entre les peintres classiques, froids bâtards de la solennelle école de David, et les nouveaux venus, ivres de couleur, les Devéria, les Delacroix, les Boulanger. Pétrus prit le parti de ses amis, et il fit bien. Il mordit et emporta le morceau. Le plus étrange, c’est qu’il y a deux ans cette satire eût encore été une actualité. L’Institut tenait bon sur sa chaise