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Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/101

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Scène VIII.

LE ROI, LA REINE, Suite.
LE ROI.

Vous voyez nos malheurs, et voilà votre ouvrage :
Voilà comme les Dieux savent faire l’amour.
Vous me l’aviez bien dit que je verrais un jour,
Par la faveur d’un Dieu ma grandeur sans seconde,
Et que Thèbes serait la maîtresse du monde.
C’est là le digne sort que j’avais attendu.
La honte de mon sang, tout mon espoir perdu,
Mon trône et mon palais embrasés par la foudre,
Ma fille anéantie, et son corps mis en poudre,
Et les justes horreurs qu’attireront sur nous
Ces effets éclatants du céleste courroux.

LA REINE.

Pardonnez ma faiblesse à cet amour de mère,
Qu’alluma dans mon cœur une fille si chère :
Toute mère est aveugle, et je serai toujours,
Un exemple éclatant de leurs folles amours.

LE ROI.

Je vous pardonnerais cette horrible disgrâce,
Si tout ce que j’en crains se bornait à ma race ;
Mais le Prince accablé de ce dernier malheur
Abandonne son âme à toute sa douleur.
J’ai vu son désespoir, et sa funeste envie :
C’est par mon ordre en vain, qu’on prend soin de sa vie ;