Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pouvez-vous inspirer ces nobles mouvements,
Ces belles passions, et ces grands sentiments,
Que je fais si souvent éclater sur la Scène ?
La gloire des héros et la vertu Romaine
Qui la sait mieux que moi retirer du cercueil ?
Qui la fait mieux revivre avec tout son orgueil ?
Pour rendre dignement présents à sa mémoire
Ces exemples fameux de vaillance et de gloire ?
Avez-vous comme moi d’assez nobles chaleurs ?
Avez-vous comme moi d’assez riches couleurs ?
Quoique l’ingénieuse et savante satire
Mêle le soin de plaire à la gloire d’instruire,
Louis peut-il tirer de ces enseignements,
De ces faibles leçons, de ces amusements,
Ces sentiments d’honneur, dont une âme enflammée
Soupire pour la gloire et pour la renommée ?
L’art de porter un Sceptre et de le maintenir ?
L’art de récompenser et celui de punir ?
Ce que vous enseignez n’est que pour le vulgaire ;
Ainsi contentez-vous de la gloire de plaire.

THALIE.

Et n’est-ce pas assez de pouvoir quelquefois
Divertir le plus sage et le plus grand des Rois ?
Après que tous les jours sa sagesse profonde
A su dans son Conseil régler le sort du monde,
Est-ce peu que l’honneur de délasser un Roi
De ces soins assidus, de ce pénible emploi,
Pour le mettre en état de reprendre avec joie
Cette noble fatigue où son zèle l’emploie ?
Mais c’est trop peu pour vous, votre orgueil aujourd’hui
Fait de votre Théâtre une école pour lui ;
Pour lui qui pour régner n’a besoin de personne,
Et qui soutient lui seul le poids de la Couronne.
Vantez-vous de l’instruire, il en sait plus que vous :