Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/55

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ALCMÉON.

Regardez ma Princesse avec moins de colère :
Qu’a-t-elle fait enfin qui puisse vous déplaire ?
Aux tendresses d’un Dieu peut-elle résister.
Que suis-je, hélas que suis-je auprès de Jupiter ?

JUNON.

Sous ces belles couleurs couvre ton infamie,
Pour mériter ma haine aime mon ennemie.

ALCMÉON.

Hé bien sauvez mon cœur de cette lâcheté :
Je voudrais bien haïr cette ingrate beauté ;
Mais puisque sur mes sens elle est trop souveraine,
Pour venger mon amour, prêtez-moi votre haine ;
Si je ne sais qu’aimer, haïssez-la pour moi.

JUNON.

Tu seras satisfait et c’est là mon emploi.
Je sais l’art de haïr sans remords et sans haine.
Si l’amour à ses Dieux je le suis pour la haine.
Pour faire agir la mienne avec plus de bonheur,
Et mettre en sûreté mon nom et mon honneur,
Sous des traits déguisés abusant ta Princesse…
Mais je t’en dirais trop et je crains ta faiblesse :
Je t’instruirai de tout avant la fin du jour.
Adieu je vais venger ma gloire et ton amour.