Voulez-vous tout pour vous, tout son temps, tous ses soins ?
Pour être un peu galant vous en aime-t-il moins ?
Croyez-moi, laissez-lui ces ardeurs passagères,
Cette courte inconstance, et ces flammes légères :
Les beautés de la terre avec tous leurs appas
Amusent Jupiter, et ne l’arrêtent pas.
Quoi le censeur des Dieux excuse un infidèle ?
Je me lasse d’ouïr cette vieille querelle,
Ce courroux importun qui trouble tous les Cieux,
Et dont vous fatiguez les hommes et les Dieux.
En effet je rougis de l’ardeur qui m’emporte ;
Va dire à Jupiter que ma fureur est morte :
Mais cache-lui l’état où tu trouves Junon ;
Adieu je vais reprendre et mon char et mon nom.
Je vous serai fidèle, et je saurai me taire,
Elle a beau déguiser sa haine et sa colère ;
Elle m’en a trop dit pour cacher son courroux.
Allons de sa vengeance avertir son époux :
Si j’offense Junon, que ne se souvient-elle
Que j’ai pour le secret une haine mortelle ?