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Page:Claude Boyer - Porus ou la Générosité d’Alexandre, 1648.djvu/31

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PORUS.

Ah ! Non, non, dis plutôt que son cour amoureux
N’a pu parler de lui sans découvrir ces feux,
Dont malgré le devoir une âme révoltée
De l’estime à l’amour se voit précipitée.
Mon esprit prévoyait ce sensible malheur :
Du mal qui l’approchait il souffrait la douleur,
Et le pressentiment de cette grande perte
Ne l’affligeait pas moins, que s’il l’avait soufferte.

ARSACIDE.

Quoi Seigneur, ce grand cour se rend-il sans combat ?
Un soupçon lui fait peur, un fantôme l’abat ?
Formez-vous un penser avec si peu de peine
Si peu digne de vous, si mortel à la Reine ?
Et loin d’être venu pour la désabuser,
Ne voudriez-vous la voir qu’afin de l’accuser ?
Si c’est votre dessein, une fureur si grande
Mérite plus de maux qu’elle n’en appréhende.
Seigneur pardonnez-moi, si je sors du respect ;
Le discours d’un flatteur vous doit être suspect ?
Mais celui qu’a formé la grandeur de mon zèle
S’il est moins complaisant, est d’autant plus fidèle.

PORUS.

Ah ! Soupçons trop cruels qui m’avez alarmé ;
Dans quel gouffre d’horreurs m’avez-vous abîmé ?