Page:Claude Boyer - Porus ou la Générosité d’Alexandre, 1648.djvu/49

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PORUS.

Va pars Arsacide ; obéis à ton Roi.

ARSACIDE.

Quoi vous abandonner ; et trahir ma querelle !
Non, non, l’obéissance est ici criminelle ;
Double intérêt m’engage à courir ce danger :
J’ai mon Prince à servir ; mon amour à venger ;
Ces devoirs opposés à mon obéissance
De leur côté sans peine emportent la balance.
Et m’instruisant par eux de vos commandements.
Je sens qu’ils sont d’accord avec mes sentiments.
Vous plutôt en qui seul tout notre espoir se fonde ;
Dont le salut importe à la moitié du monde,
Qui de l’autre moitié redoutant le malheur ;
Oppose à son tyran votre seule valeur ;
Ménagez pour son bien une tête si chère ;
Je suffis au dessein que l’amour nous suggère.
Et vous, en qui l’Indie a mis tout son espoir :
Réservez-vous, Seigneur, à ce premier devoir.
Retournez dans le camp, et par votre présence
Rendez à vos soldats leur première assurance ;
Demain, si le démon qui veille en sa faveur,
Sauve votre ennemi des traits de ma fureur ;
Vous pourrez pour finir cette sanglante guerre,
Disputer contre lui l’empire de la terre ;