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Page:Claude Boyer - Porus ou la Générosité d’Alexandre, 1648.djvu/55

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ARSACIDE.

Un billet qu’on trouve dans sa tente
Donna le premier branle à son âme flottante,
Prête à tout présumer de l’heur de son rival ;
Et vos lettres enfin achevèrent ce mal.
La Reine en écrivant lui parlait d’Alexandre
Comme d’un conquérant, à qui tout se doit rendre ;
À qui seul appartient de ranger sous ses lois
Par sa rare douceur les Reines et les Rois.
Nous vîmes à ces mots dans son âme troublée
Repasser les soupçons qui l’avaient ébranlée,
Et suivant des pensers conçues sans fondement,
Il se précipita dans son aveuglement.
Tous ces doutes ainsi changés en assurance,
Il ne respire plus que haine, que vengeance ;
Et de tous nos conseils il ne veut recevoir
Que celui qui s’accorde avec son désespoir ;
Attale en est l’auteur, pour racheter la Reine,
Ou plutôt pour servir sa détestable haine.
Il députe en ces lieux, suit son Ambassadeur ;
Moi qui vis ce dessein conforme à mon ardeur,
Je le suis dans l’espoir que toutes nos alarmes
S’enfuiraient à l’éclat de tant d’aimables charmes.
Mais hélas ! Je sens bien, que loin de les guérir
Notre abord en ces lieux n’a fait que les aigrir.