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Page:Claude Boyer - Porus ou la Générosité d’Alexandre, 1648.djvu/84

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À l’exemple cruel que je vous ai donné
N’oseriez-vous prêter qu’un esprit étonné ?
Ce fut en moi fureur ; mais en vous c’est justice.
Par pitié tirez-moi de ce noir précipice ;
Plus j’en veux fuir l’abîme et plus avec terreur
D’un timide regard j’en mesure l’horreur.
Plus ma raison m’arrache à cet état coupable,
Plus l’objet à mon cour en paraît effroyable.
Argire, de quel oil vous dois-je regarder ?

ARGIRE.

Ah ! C’est à moi Seigneur à vous le demander.
De quelque trahison dont on accuse Attale,
Puisque c’est votre amour qui vous la rend fatale.
J’ai causé vos malheurs, et loin de les guérir,
Peut-être ai-je vécu d’un air à les aigrir ?
De tous les deux, Seigneur, je vous demande grâce,
Souffrez qu’avec mes pleurs mon amour les efface.

PORUS.

Ah ! Reine Ce n’est pas comme il me faut punir :
Mais tu laisses le soin à mon ressouvenir.
Il te servira bien, et vous Roi magnanime
Perdez un criminel.

ALEXANDRE.

Ne parlons plus de crime.