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Page:Claude Boyer - Porus ou la Générosité d’Alexandre, 1648.djvu/86

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ARGIRE.

Ô générosité à qui tout se doit rendre !
Ô cour vraiment Royal !

PORUS.

Tu sais vaincre Alexandre.
Et le Ciel assemblant tant de vertu en toi.
Sans doute à l’Univers ne veut donner qu’un Roi.
À cet auguste loi j’obéis sans contrainte ;
Règne ; porte partout ou l’amour ou la crainte :
Rien ne puisse arrêter ton destin glorieux ;
Toutefois sans choquer l’ordonnance des Cieux
Trouve bon que ce cour plein de reconnaissance
Ose se prévaloir de ta magnificence ;
Il choisit ; et des biens que m’offre ta bonté,
Je te veux seulement devoir ma liberté,
Je la reçois de toi, mais si pleine et si belle
Que mon premier orgueil me revient avec elle ;
Et n’ayant jusqu’ici combattu qu’à demi,
Je brûle de t’avoir encor pour ennemi.
Après ce que pour moi ta bonté vient de faire ;
Ce désir est ingrat, injuste, téméraire,
Dont tout autre que toi se pourrait outrager.
Mais le grand Alexandre en saura mieux juger.
Par ta rare faveur mon âme délivrée
Des soupçons qui l’avaient si fort défigurée,