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En tout ouvrage romantique, il semble qu’une musique prisonnière se tourmente et implore sa délivrance. Des chaînes sont tombées, des jours se sont ouverts, laissant deviner, au dehors, un monde clair où déjà poètes et peintres s’élancent. Mais d’autres liens tiennent encore ; et les grands murs rectilignes restent debout. Claude Debussy fut le sauveur, parce qu’il venait au temps marqué, parce qu’ill avait médité l’exemple des arts fraternels, et surtout parce qu’il avait écouté les voix de la nature. Il a délié la captive, lui a rendu la caresse de l’air, et la grâce que les mouvements appris violentaient. Mais il n’a rien détruit : c’est la paix qu’il apporte, et non la guerre. Il a seulement aboli la rigueur des commandements, et demandé que l’on trouvât par plaisir ce que naguère on s’imposait par devoir.

La mélodie n’est astreinte à rien, pas même à s’émanciper de la gamme majeure ; souvent on n’y trouve aucune note que Mozart n’eût admise aussi.