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Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/20

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— Comment, docteur, dit quelqu’une, vous commandez au thermomètre ?

— Certainement, je lui donne des ordres écrits, comme ça, sur le dos d’une de mes cartes… »

Il s’était appuyé contre un guéridon, dans un coin, et griffonnait. Quand il eut fini, il laissa le carton et revint.

— « Voilà. Vous en aurez pour quinze jours, — quinze jours à vous croire au Pôle chaque fois que ça vous chantera…

— Oh ! docteur, dit une jeune femme, donnez la recette, pour l’amour de Dieu !…

— L’amour de Dieu ne suffit pas, riposta Raymond moqueur. Mais venez à mon cabinet, petite madame, et l’on s’arrangera tout de même… »

Il ne s’était pas rassis, il s’en alla, laissant un sourire à toutes les femmes.

La minute d’après, une curieuse alla regarder l’ordonnance laissée sur le guéridon.

— « Ah ! fit-elle, M. Mévil a oublié son porte-cartes.

M. Mévil oublie toujours quelque chose, » prononça Mme Ariette en souriant avec sérénité.

Raymond Mévil souriait aussi, en remontant en pousse. Comme les coureurs le regardaient, il leur dit : « Cap’taine Malais », et se renversa dans les coussins de cuir. Le pousse trotta.

Cap’taine Malais habitait, au coin du boulevard Norodom et de la rue Mac-Mahon, — en face du palais