l’autre. Mais la chance lui fut hostile : à l’angle d’une allée sans carrefour, ce fut Mme Ariette qu’il rencontra. Depuis quatre semaines, il avait manqué ses rendez-vous hebdomadaires, et ne put esquiver une explication.
Mme Ariette était une femme correcte, réputée la plus prude de Saïgon. La trahison d’un amant ne pouvait beaucoup l’émouvoir ; le trou creusé dans son budget par cette trahison lui était plus sensible.
— « Il me semble, dit-elle tranquillement, que ma rencontre ne vous plaît guère ? Pourquoi ? nous ne sommes plus rien l’un pour l’autre : vous me l’avez fait comprendre sans ambiguïté ; et quoique j’eusse préféré un adieu plus loyal, vous pouvez être assuré que je n’essaierai pas de vous ramener dans mon lit. »
Mévil, résigné, ébauchait une excuse.
« Je vous en prie !… laissons cela. Je ne vous en veux pas le moins du monde. Vous ne m’aimez plus, je ne vous aimais pas : restons bons amis. Un mot seulement pour finir : hier, j’espérais votre visite à mon jour… »
Mévil comprit.
— « C’est juste, dit-il avec insolence. Je vous dois un terme, puisque je n’ai pas donné congé… »
Il compta des billets sous la lanterne chinoise ; elle sourit, trop habile pour se fâcher.
— « Peut-on savoir, murmura-t-elle d’une voix délicate, si vous avez choisi votre nouvel… appartement ?… Je ne doute pas de votre goût ; mais vous