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Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/229

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XXIII

À bord du cuirassé de l’amiral Hawke, le King-Edward, un colossal navire auprès de quoi le Bayard n’était qu’un yacht, — la fête offerte aux Français fui magnifique.

Ce fut une de ces réjouissances énormes, comme seules les terres exotiques en savent les recettes. Cela commença par une matinée, avec concert et comédie, — ragoût savoureux dans une ville où les théâtres sont inconnus ; — après, on dîna ; on banqueta plutôt, à la manière de Pantagruel ; et le bal fut ouvert par des couples déjà gais et excités ; on dansa jusqu’au matin, et l’on flirta furieusement sur toutes les passerelles, laissées obscures à dessein. Et ce ne fut qu’au plein jour, — après les couleurs envoyées et le God save the King de huit heures, — que le dernier canot emmena le dernier invité. Le souper par petites tables avait tourné en belle et bonne orgie, et le cuirassé était maculé comme un bouge à matelots.

L’amiral d’Orvilliers paya de sa personne, arriva