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VIII

Sept heures du matin. Dans sa chambre d’officier, à bord de son croiseur de guerre le Bayard, Fierce, — Jacques-Raoul-Gaston de Civadière, comte de Fierce, — dort sur sa couchette.

Une belle chambre, — une chambre d’aide de camp, — très vaste, dix pieds de long, huit de large, six de haut ; — et magnifiquement éclairée : deux sabords grands comme des mouchoirs de poche qu’on peut ouvrir quand il fait beau. — Quatre murs en tôle d’acier ondulée ; une armoire et un bureau, en tôle d’acier plane ; une toilette et une commode, en tôle d’acier cintrée ; un lit, en tubes d’acier rectilignes. — C’est tout, la chambre est pleine. — En France, à Cherbourg ou à Toulon, Fierce, d’ailleurs riche et délicat, se refuserait net à faire son chez-lui d’une pareille boite à conserves. Il aurait quelque part à terre, dans une rue correcte et discrète, le taudis de bon goût, parisianisé, indispensable à la vie d’escadre, et dans quoi l’on peut regretter sans trop